GENERAL MORDACQ, FIGURE CLERMONTOISE ?





Général Henri MORDACQ (1868 – 1943)



Né à Clermont-Ferrand, le futur général, « Bras Droit de Clemenceau » est encore très méconnu dans sa ville natale ainsi qu'au regard de l’Histoire générale de la Grande Guerre.
En effet, en 2015, il n'y a aucune plaque commémorative sur sa maison natale, aucune rue qui porte son nom et aucun buste sur les places ou dans les squares de la capitale auvergnate...

Alors pourquoi s'y intéresser ?





- Peut-être pour sa carrière militaire exceptionnelle:
Campagne d'Afrique d'octobre 1889 à juin 1893, guerre au Tonkin de juin 1893 à août 1896, campagne d'Algérie d' août 1896 à février 1897?...



- Peut-être encore pour se souvenir de son Commandement en Second de l'Ecole de St-Cyr de 1912 à 1914 pendant lequel il recevra le surnom de "L'Ours"? (et dont le travail avait été reconnu par Foch qui assurait à l'époque "qu'il avait bien formé la jeunesse et lui avait donné bon esprit...")

Un commandement fidèle à l'esprit de la célèbre devise "qui veut la Paix prépare la guerre"



et qui forgera en effet l'esprit de sacrifice et de panache de trois promotions de jeunes aspirants et de lieutenants dont certains qui chargèrent au début du conflit "avec le Casoar et les gants blancs"...
Parmi les rescapés de l'hécatombe on retrouvera de nombreux futurs officiers généraux de la seconde guerre mondiale !

- Peut-être aussi pour son rôle en premières lignes pendant cette Grande Guerre où il eut les "privilèges" de sauver Arras sur le point de tomber aux allemands puis de subir le 22 avril 1915, la première attaque des gaz de l'histoire en Belgique...



Est-ce donc sa belle conduite pendant les combats qui mériterait d'être enfin honorée avec cette alternance d'énergie, de courage et de détermination qui caractérisent ce petit homme de 1,63 m? 
Brave face à l'ennemi, endurant les dures conditions de vie au sein de ses hommes, il frôla la mort à plusieurs reprises:
1er Septembre 1914, "à la tête de son 159e RI, il se tenait debout sous la mitraille, alors qu'il faisait coucher ses hommes, un chêne qui le protégeait fut criblé de balles; il dut sa vie probablement à sa Légion d'Honneur qui fut arrachée par une balle."
8 Novembre 1914, "Alors que Mordacq circulait dans le faubourg d'Arras de St-Nicolas, il fut atteint par des éclats d'obus et grièvement blessé à la jambe, perdant son sang abondamment."
22 Avril 1915, sa brigade subit la première attaque des gaz de l'histoire. Gazé, il motive ses hommes et lance une contre-attaque.
21 Novembre 1916, Ensevelissement par un obus de 210 sur le Front de Somme. "Des hommes arrivèrent avec des pioches et des cordes et on parvint à tirer le général et son compagnon. Tous deux étaient dans un état lamentable et ne donnaient pas signe de vie. Le casque du général était affreusement bosselé, son visage était couvert de sang... une partie de la machoire était fracturée, le sang coulait par le nez et les oreilles..."




- Peut-être aussi pour son rôle déterminant auprès du Président du Conseil et Ministre de la Guerre, Georges Clemenceau, dont il fut le conseiller le plus apprécié? 
(Le Tigre, écrivant d'Egypte à Mordacq en 1920 terminait ainsi une lettre : "Au revoir, mon très cher ami, sachez que je vous aimerai toujours. ") 



Mordacq, est à l'origine des voyages de Clemenceau sur le Front. Il est toujours directement impliqué dans les décisions les plus graves du point de vue stratégique ou  militaire.
Il existe même un mimétisme étrange entre la voix de Mordacq et du Tigre, et plus encore dans les formules et les expressions.
En 1936, le journaliste Paul Allard, interrogeant Mordacq pour un article à paraître dans la revue: "VU", semblait bluffé par la ressemblance: 
" Et le général Mordacq, qui dirigea, effectivement, sous les ordres de Clemenceau, le ministère de la Victoire (novembre 1917) jusqu'à l'échec de Clemenceau à la présidence de la République, se concentre un court instant, puis, s'étant réincarné dans l'âme du Grand Vendéen, du "chef d'action" qui nous manque aujourd'hui, il parla.
Dès les premiers mots, l'impression était hallucinante. C'était lui! Lui, avec ses boutades et ses coups de boutoir, avec sa manière directe d'aborder de face les problèmes et de les résoudre en formules ramassées, à l'emporte-pièce... "


- Mais peut-être alors devrait-on se souvenir de son rôle de stratège et d'historien à travers ses trente livres publiés et de très nombreux articles de revues? (Ouvrages de Stratégie Militaire, Témoignages Historiques, dont 7 livres sur Clemenceau...)

- Peut-être enfin pour son combat visionnaire, dans les années 30, à ouvrir les yeux des Français sur l'imminence d'un second conflit avec l'Allemagne? 
Présent à Wiesbaden de Mars 1920 à 1925 à la tête du 30e Corps d'Armée, il va tenter de donner une belle image de la France par son commandement ferme, discipliné mais toujours humain.




Cependant, il est rapidement témoin de la montée des nationalismes et tente aussitôt d'alerter sa hiérarchie, malheureusement démobilisée par l'euphorie de la victoire. 
Alors, suite à sa démission de l'Armée, il se sent plus libre et s'en ouvre à l'opinion publique grâce à ses livres. (Dès 1926, c'est à dire quatorze années avant la nouvelle invasion de la France, dans son ouvrage "La Mentalité Allemande", il nous prédit l'évolution exacte que va connaître l'Histoire:
"...ne nous faisons pas d'illusions, voyons les réalités en face, telles qu'elles sont. L'Allemagne n'a qu'une idée, la revanche: donc l'annulation du Traité de Versailles ou la guerre.")

Mordacq, reste malgré tout, "toujours" cet illustre inconnu à Clermont-Ferrand... 




Et pourtant... dès 2003 je tentais de le faire connaître aux Clermontois, aux services concernés par le Patrimoine, ceux revendiquant le "Devoir de Mémoire", et auprès des nombreuses Personnalités Politiques Auvergnates...











Quelques articles de Presse en ont parlé



En 2006, de la rencontre d'un journaliste sur un salon du livre découlait un superbe reportage exclusif de 7 minutes sur FR3 Auvergne dans le cadre du 11 Novembre !... 
En 2007, lors d'une autre rencontre littéraire, j'arrivais également à convaincre Anne-Sophie Simonet, éminente historienne locale, qui pourtant ne le connaissait pas, d'insérer une page dans l'ouvrage qu'elle s'apprêtait à publier sur les personnalités clermontoises "Clermont... Toi?" aux Editions Revoir.
Cette initiative amorçait un début de reconnaissance et mes sources accumulées permirent à l'époque d'ouvrir également une toute première page Wikipédia...
Un peu plus tard, en 2013, j'ai pu constater qu'une partie de ces éléments avaient été repris dans l'ouvrage commémoratif sur la Grande Guerre publié par le journal La Montagne.
C'était donc enfin un début ! 
Mais la notoriété du général, ne dépassait guère mon "périmètre d'action".
Or, pendant ces dix dernières années j'avais adressé directement de très nombreux courriers ou fait des interventions motivées auprès de diverses personnalités : Mairie de Clermont-Ferrand, Préfet, Conseil Général, Conseil Régional, Députés et Elus du gouvernement et de l'opposition, ONAC, Associations 14-18, Archives, Musée Clemenceau et même Ministres: Défense, Culture, Anciens Combattants, Intérieur... jusqu'à la Présidence de la République !!!
Tout cela pour beaucoup d'énergie, d'espoirs et de multiples déceptions devant le "vide sidéral" constaté "en retour"...
Heureusement, en 2013, je recevais le soutien de l'Association Patrimoine Auvergne Bourbonnais Velay (ABV) qui prenait l'initiative d'organiser une messe en la cathédrale St-Louis des Invalides le 12 avril 2013, pour l'Anniversaire, jour pour jour, des 70 ans de la disparition du général, avec fleurissement de sa tombe au cimetière Montparnasse.


Cette belle journée d'hommage faisait enfin "chaud au cœur", même si aucune personnalité politique de la capitale Auvergnate n'était toujours pas présente...
Pourquoi donc cet ostracisme pour ce général qui fit la couverture du Pays de France le 7 mars 1918 et qui fut certainement l'un des plus éminents généraux du XXe siècle?
Je ne peux répondre à ce mystère, mais vous invite à découvrir un peu mieux ce personnage de tout premier ordre à travers ces quelques éléments de ce blog et à travers la lecture du livre que je lui ai consacré...




Grand-Officier de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre avec 5 citations à l’Ordre de l’Armée dont les trois blessures acquises dans les combats, le général Henri Mordacq, dit « l’Ours », joua en effet un rôle majeur auprès du Tigre en tant que Chef de son Cabinet Militaire à partir de novembre 1917. A ce titre, et sans jeu de mots, on peu affirmer qu’il en fut véritablement les griffes et les crocs !
En effet à ce poste il avait toute la confiance de Clemenceau qui lui avait dit "La guerre, Mordacq, c'est vous qui vous en occuperez..."
Si aujourd'hui on retient l'action du "Père la Victoire", j'ai la conviction qu'une part essentielle en revient directement aux conseils stratégiques de Mordacq.





Grand Patriote, Stratège visionnaire tout du long de sa carrière, historien de premier plan, car témoin actif et oculaire, ses livres se dévorent d'une traite, car ils sont écrits dans un style vif et précis.
En 1905, "Salux patriae suprema lex esto" c'est à dire: Le salut de la Patrie est la loi suprême... "Etudier pratiquement les questions nouvelles, les innovations de toutes sortes que les progrès de la science et l'expérience des guerres récentes font constamment surgir... Montrer que l'armée française possède, en elle-même, tous les éléments voulus pour devenir une armée de premier ordre, capable de remplir sa lourde mission: faire respecter la France, la rendre inattaquable. Il suffit de vouloir."
En 1912, il évoquait déjà le futur grand conflit, avec la sagesse de considérer les Allemands comme un ennemi redoutable : "...ne pas laisser répandre, dans la nation, l'idée que la prochaine guerre se terminera sûrement après la première grande bataille... La victoire finale reviendra certainement au peuple le plus tenace, à celui qui saura supporter, avec le plus d'énergie et surtout le plus longtemps, les épreuves de tous genres qu'entraînera, à sa suite, la guerre du vingtième siècle..."
En 1926, de retour de son commandement du 30e Corps en occupation en Allemagne, il prévoit le drame qui se jouera 13 ans plus tard: "...j'étais profondément écœuré de la politique incohérente et surtout néfaste que nous n'avions cessé de pratiquer sur les bords du Rhin, depuis l'application du traité de paix, c'est à dire depuis le 10 janvier 1920... qui de vainqueurs faisait de nous des vaincus... Que fallait-il donc pour ouvrir les yeux des Français?... Tout ce qu'essayent de raconter, à l'encontre de cette vérité, les pacifistes bêlants et les politiciens plus ou moins ignorants de la mentalité allemande, constitue un véritable crime de lèse-patrie.
L'Allemagne n'a qu'une idée, la revanche: donc l'annulation du traité de Versailles ou la guerre...
Puisse les Français, instruits, documentés, convaincus par les faits qui viennent d'être exposés au cours de cet ouvrage (La Mentalité allemande) lutter contre les endormeurs qui essayent de leur fermer les yeux..."
En 1938, "...actuellement il ne faut pas se faire d'illusions, nous ne devons compter que sur nous-mêmes pour la défense de cette frontière et, par conséquent, prolonger nos ouvrages fortifiés jusqu'à la Mer du Nord... Les Allemands, gens méthodiques et prudents, ne commettront certainement pas la faute stratégique de se lancer contre la Ligne Maginot actuelle, contre nos fortifications de Lorraine qu'ils dénomment déjà, d'ailleurs, la Souricière de Lorraine. Il n'y a pas de doute que, dans le Nord, ils étendraient cette fois certainement leur aile droite jusqu'à la mer. Que l'on ne vienne pas parler d'une résistance hollandaise ou belge. Actuellement on ne saurait y croire..."

Ce ne sont que quelques exemples parmi tant d'autres... mais qui expliquent peut-être qu'il vaut mieux, pour certains, "oublier" Mordacq que relire ses livres si juste en analyse et tellement prémonitoires !







L’exposition (ou la conférence) je propose régulièrement, permet de dérouler toute sa carrière, de montrer son influence militaire et politique ainsi que son rôle sur l’histoire de la Grande Guerre, notamment sur la nomination de Foch au Commandement Unique en Mars 1918.
Elle montre le combat acharné que Mordacq va suivre durant les années 1925-1939 pour éveiller l'opinion sur le danger de la montée du nationalisme en Allemagne et l'arrivée inéluctable d'un second conflit... (comme présenté précédemment et sans cesse exposé par Mordacq.) 
Pour exemple ce livre publié en 1934...





Elle évoque aussi sa disparition dans des conditions mystérieuses en Avril 1943... car "les yeux dans les yeux" un tel militaire encore vigoureux à 75 ans et plein de projets, pouvait-il se jeter (lui-même) dans la Seine ?... au moment où l'Allemagne sombrait après Stalingrad, l'opération Torch en Afrique du Nord et la perte imminente de la Tunisie ! (Voir mon blog Koeltz)




Photographies, Livres dont de nombreux dédicacés, Documents des Archives personnelles du général, Diplômes, Ordres et de très nombreuses Lettres autographes de Foch, de Clemenceau, de généraux et de personnalités diverses…  apporteront un éclairage et une émotion authentique au service de la découverte de ce grand personnage historique.

Pour en savoir plus, réserver une conférence, une exposition, commander un livre ou simplement me contacter, mon adresse mail reste le meilleur vecteur: 

1418.fontanon@wanadoo.fr


 

4 commentaires:

  1. A creuser = l'hebdomadaire infâme "der Stürmer" publie le 13/2/1941 ( à la une ) un article haineux dans lequel le Général Mordacq est mis en cause. Sa mort tragique en 1943 (curieuse) a peut-être un lien avec son action militaire en Rhénanie ?

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    1. Merci pour ce nouvel apport... et un appel pour celui qui pourra m'en faire une reproduction...

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  2. Bonjour
    J'ai ouvert un sujet de conversation sur ce forum
    https://www.39-45.org/viewtopic.php?f=42&t=48920
    J'espère que certains contributeurs pourront apporter des approfondissements.

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  3. Hélas, il en est ainsi dans notre cher pays! Il semble que ses hommes politiques et ceux qui font l'air du temps, adorent jouer à colin-maillard au bord du précipice… N'en est-il pas de même aujourd'hui avec la guerre civile qui nous menace…

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